you left behind a scared child

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Jour 77 : Jeudi

L’électricité n'est pas revenue. Le froid s'infiltre doucement dans la maison et Celian est malade ce matin. Tata va mieux. Elle reste à ses côtés. Je lui ai raconté ma journée d'hier et elle m'a conseillée de faire attention à moi. Elle dit qu'elle ne doute pas que mon père m'aime, mais elle dit qu'il est aussi manipulateur. Je ne sais pas trop quoi répondre. Je n'en ai que peu de souvenirs, au final.

Nous repartons avec Val, ce matin encore. Cette fois-ci, nous n'allons pas nous contenter d'observer. Je veux parler à mon père ! J'ai tellement entendu parler de lui que j'ignore totalement ce qui est vrai ou non. Je veux me faire ma propre idée.

Je toque à sa porte. Valentin est resté derrière moi, un peu plus loin. Il me dit de me méfier, qu'il pourrait être malade ou porteur du Virus. J'acquiesce.

Et soudain la porte s'ouvre. Il est là, face à moi et me regarde. Il n'a pas l'air trop surpris de me voir.

-Papa...

-Billie ! Tu es si grande !

Je souris.

-Entre, s'il te plaît, entre ! Toi aussi !

Il nous fait signe de le suivre. J'échange un regard avec Valentin, resté derrière. Il acquiesce. Nous entrons tous les deux.

-C'était vous, hier, n'est-ce pas ?

-De ?

-La clef de la porte arrière n'était pas placée sous le bon pot de fleurs. Vous êtes entré.es, n'est-ce pas ?

Je baisse la tête.

-Oui. J'ai voulu voir où tu vivais.

-Et ? Tu en penses quoi ?

-C'est si grand ! Et si beau ! Tu es seul ici ?

-Oui. Je voulais vous prendre avec moi, ta sœur et toi. J'en ai été interdit.

Je soupirs. Il dit vrai, ma mère a refusé qu'il ne nous emmène. Mais il n'avait encore nul part où aller quand il est parti.

-Tu veux boire quelque chose ? J'ai du jus de pomme maison.

-D'accord !

-Et toi ? Euuuh...

-Valentin. Je m'appelle Valentin. Avec plaisir, monsieur.

-Quentyn. Je reviens.

Je m'avance vers Val alors que mon père s'éloigne.

-Ca me fait si drôle !

Il acquiesce, alors que mon père nous interpelle dans la cuisine :

-Installez vous dans le salon. Je ne vous fais pas visiter, ça ira ?

Je ris en regardant Valentin tourner au rouge.

-Arrête Bill ! J'en reviens pas que tu m’aies fais faire ça ! Il va m'en vouloir...

-C'est vrai qu'il a l'air très énervé contre toi. Allez, viens, on va dans la bibliothèque !

-Il a dit le salon...

-C'est un salon ! Et puis je veux voir les livres !

J'arrive à traîner mon copain dans la pièce voulue. J'observe attentivement les livres sur les étagères. Il y a de quoi ne jamais plus m'ennuyer dans ma vie ! Je rêve d'une maison comme celle ci, avec un grand jardin, un beau potager, des livres partout... Et puis mon papa pour prendre soin de moi, aussi.

-Ah, vous vous êtes mis ici, alors ?

Je me retourne pour voir mon père avec un plateau sur lequel se trouvent trois verres de jus et quelques gâteaux secs qu'il dépose sur la table basse.

-Tu trouves quelque chose qui t'intéresse ?

Je me retourne vers les étagères pour un retirer un petit ouvrage proprement relié. Il s'agit d'un livre d'énigmes inspirés des plus grands inventeurs de l'Histoire.

-Celui-ci.

-Très bon choix. J'ai adoré ce livre. Les anecdotes historiques sont aussi prenantes que les énigmes, tu devrais en avoir pour un bon bout de temps, avec ça ! Prends le. Je te le donne.

-C'est vrai ?

Il acquiesce.

-Merci, papa !

Je vais m'asseoir à côté de lui, sur le canapé. Valentin se joint à nous. Le jus est délicieux, à peine sucré, mais avec un goût très fort. Nous discutons de tout et de rien pendant des heures : De comment Valentin à finit par vivre avec nous, de comment il vit, lui, ici, d'un groupe de survivant.es qu'il va rencontrer souvent... l'obscurité commence à se faire lorsque nous réalisons le temps qui s'est écoulé.

-Restez manger ici ! Et si vous voulez, vous pouvez aussi dormir ici.

-Oh, je ne sais pas...

Je regarde Valentin.

-C'est que tata va s'inquiéter.

Val hausse les épaules, l'air de dire « Et ? ». J'écarquille les yeux en souriant. Depuis quand est-ce que, lui, il est prêt à désobéir à Lana ? Je soupirs.

-Faites comme bon vous semble, les enfants, mais restez au moins manger avant de repartir.

-D'accord.

Je ris en croisant le regard de mon copain. Je suis vraiment une mauvaise influence pour lui.

J'accompagne mon père dans la cuisine, mais il refuse que je l'aide à cuisiner. Valentin arrive quelques secondes plus tard.

-J'ai remarqué que vous aviez une guitare, monsieur. Vous permettez ?

Papa se retourne, surpris, mais il acquiesce.

-A condition que tu m'appelles Quentyn. Je te l'ai déjà dit.

Val se met à jouer. A défaut de pouvoir aider mon père à cuisiner, je peux au moins danser sur la musique de Valentin.

Nous nous installons pour manger. Papa s'excuse de l'obscurité. Il doit aller récupérer des bougies, il n'en a plus. Il faut dire que c'est devenu compliqué, de trouver des bougies. Le repas se poursuit dans la bonne humeur. J'ai peur de gâcher ce moment mais j'ai une question, et j'ai besoins de la poser.

-Papa...

-Oui ?

-Pourquoi tu n'es jamais revenu nous chercher?

Mon père pose ses couverts, me regardant dans les yeux. Valentin n'ose plus faire le moindre bruit. Merde, je savais que j'allais tout gâcher.

-Je te l'ai dit, ta mère m'a interdit de vous emmener.

-Mais pourquoi n'es-tu pas venu nous voir, au moins ? Tu aurais pu montrer à maman où tu vivais.

Il reste silencieux, me regardant toujours dans les yeux.

-Et puis, tu aurais du être là, quand maman est morte.

-Enola est...

Il baisse les yeux, secoue la tête puis porte sa main à son front

-Je suis désolé. Je l'ignorais.

Je baisse aussi les yeux et pose mes couverts aussi, contrariée. A défaut de le savoir, il s'en doutait, j'en suis certaine. Sa réaction est presque trop dramatique pour être réelle.

-Tu sais quoi ? Tu devrais proposer à Hayden de venir aussi, bientôt ! On pourrait discuter, tout.es les trois ! Et vous pourriez venir vivre ici, si vous le voulez. Valentin aussi.

Je ne bouge pas, ne répond pas. J'ai une sensation de brûlure dans ma poitrine.

-Donc, je vous prépare un lit pour ce soir ?

-Non merci, on va rentrer.

Valentin répond avant que je n'ai eut le temps de le faire, mais j'enchaîne :

-Tu n'as pas répondu à ma question.

Il soupir. Sans bouger le reste de mon corps, je lève les yeux vers lui.

-Pourquoi tu n'es jamais venu nous voir ? Je sais que maman t'avait demandé de le faire. S'il te plaît, soit honnête.

-Billie... C'est que vous habitez si loin...

J'écarte les bras en signe d'incompréhension, échangeant un regard avec Valentin. On est bien là, nous ! Et puis bien sûr que ce n'est pas ça, la raison. La raison c'est qu'il n'a jamais vu l'intérêt qu'il avait à avoir deux gamines sur les bras !

-Je sais, je sais, ce n'est pas une excuse pour toi, mais tu dois comprendre que je n'ai plus ton âge, Billie.

Je secoue la tête et me lève. Je prends mes couverts et assiettes que je vais déposer dans la cuisine. Quand je reviens, j'annonce à Valentin qu'on part et me dirige vers la sortie, bientôt suivie de mon copain. Mon père tente de me retenir.

-Billie, attend ! Je suis désolé, j'aurais du venir, j'aurais du être là pour vous.

J'arrive dans l'entrée, où j’attrape mon sac.

-Tu as raison, je n'ai pas d'excuse. S'il te plaît, laisse moi une chance de me racheter. Je veux une nouvelle chance d'être votre père !

J'ai franchi la porte, Valentin avec moi. Je m'éloigne à présent de la maison de mon père. De Quentyn.

-S'il te plaît ! Réfléchis-y au moins !

Je murmure à destination de Valentin :

-Quel intérêt a-t-il à vouloir m'amadouer ? Hayden et moi ?

Il secoue la tête. Nous rentrons dans le noir complet. Le trajet me permet d'éliminer ma colère. Valentin pense qu'il se sent seul, dans sa superbe maison. C'est possible. En plus, d'après la manière dont il nous en a parlé, gérer une maison et ses nécessités est un énorme travail, et mon père n'est effectivement plus tout jeune. Nous avoir pour travailler à ses côtés l'aiderais grandement.

Il est tard quand nous entrons dans la cabane. Valentin part prendre une douche. Moi, je n'ai pas le courage de me doucher dans un tel froid depuis que l'eau n'est plus chauffée. J'attendrais demain.

-Salut tata.

-Salut !

Je vais m'asseoir à côté d'elle et sort mon nouveau livre de mon sac.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Il me l'a donné.

Elle ferme son livre.

-Alors tu as pu lui parler ?

J'acquiesce en ouvrant le livre.

-Tu avais raison. Mais il a une maison incroyable.

Elle rigole doucement en me prenant dans ses bras.

-Tu sais, je ne t'en voudrais jamais de pardonner à ton père, et même de vouloir aller vivre avec lui. Je voulais juste que tu saches.

Je me laisse bercer dans ses bras.

-Je sais.

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Cette chanson là n'a pas la chance de faire partie de Frozen 2, mais je l'aime beaucoup quand même!

"Mother, you were here
Mother, you are gone
And you left behind a scared child
Can't sit around and cry
There's too much to lose"

Comments

[pinssophie]

Ils discutent, se retrouvent mais, elle n'est pas dupe, il essaie de la manipuler.

Un bon repas avec des hots dogs: miam.

C'est vrai, qu'il aurait pu aller les voir, prendre de leurs nouvelles.

Il est vrai quand vieillissant le maison devient difficile à entretenir tout seul, est-ce pour cela qu'il leur propose d'emménager ?!

En tout cas, elle dit à sa tante qu'elle avait raison, elle a bien sentie la manipulation.

[kevin5913]

Pouah j'suis partagé entre la compassion et l'irritation pour Quentyn :/