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Le Legacy d'Olivia
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6 novembre 2019

I see your true colors shining through

I see your true colors shining through

 

J'avais si mal au ventre que je n'en avais pas trouvé le sommeil. La nuit avait été si longue ! Il fallait que je me nourrisse, mon corps criait à l'aide et je l'avais trop ignoré !

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Sorti de nul part, un courage nouveau me fit partir en quête d'arbres fruitiers mais je n'en trouvais aucun. Je trouvais juste un long bâton. Une ingéniosité sortie de nul part me fit entrer dans une maison abandonnée à la recherche d'un kit de couture grâce auquel je fabriquais une canne à pêche bien artisanale. Je passais deux heures, au bord du lac, à prier qu'un poisson ne vienne se prendre à mon aiguille de couture, tordue à la force de ma main, mais rien ne s'y accrocha. 

Screenshot-6

Je me souvenais pourtant avoir été pêcher avec Solène et Lana, quand j'étais enfant.. Etais-je déjà si mauvaise à l'époque ? Je croyais que non.

J'étais vaincue : Je n'avais qu'une solution !

 

Quentyn me laissa entrer sans dire un mot et posa une assiette d'un pain maison tartiné de confiture puis s'assit à la table en silence. Je l'imitais et mangeais la première tartine en le regardant, hésitante.

Screenshot-12

La maison était si silencieuse. Seule l'angoissant « tic tac » de l'horloge se faisait entendre. Quand je l'eus finie, je pris la parole.

 

-Je suis désolée, pour hier. J'ai pris peur.

 

Il ne bougea même pas un sourcil.

 

-Je suis venue parce que je me sentais mal, chez moi. Ma fille est morte.

 

Je le regardais dans les yeux, priant pour qu'il comprenne.

 

Tic tac.

 

-Elle était de toi. Alors, quand je t'ai vu, j'ai...

 

Je me stoppe. Non, je ne pleurerais pas devant lui, je ne le connais pas assez. Il a baissé les yeux, mais à présent, il soutient mon regard.

 

Tic tac, tic tac.

 

Il finit par lâcher un faible « Je comprends ». Le silence est si lourd, dans cette maison. Je ferme les yeux, dans un soupir. Moi aussi, je comprends :

 

-Je suis désolée, pour ta sœur.

-Comment tu sais ?

 

Il semble étonné.

 

-Le silence me l'a dit.

 

Il acquiesce, le regard triste.

 

-Je suis désolé pour ta fille.

 

Je hausse les épaules, tentant de chasser mes émotions.

 

-Ce qui est fait est fait.

 

Quentyn se relève. Il me lâche :

 

-Tu peux rester si tu veux.

 

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Il marche vers la sortie. Eh bien. Quelles retrouvailles ! L’enthousiasme d'hier semble avoir laissé place à de la déception. Je repense à cette étreinte. Je sais, au fond que je n'ai pas pris peur qu'à cause de Naï. J'ai aussi prit peur de mes sentiments. Je m'étais soudainement rappelée que j'avais aimé ce garçon. Que je l'aimais peut être encore un peu.

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-Quentyn !

 

Il se retourne.

 

-Merci.

 

Il me sourit, puis quitte la salle à manger, dans laquelle je finis mon assiette.

 

 

***

 

 

 

Dix huit heures sonnent à l'horloge. Son rythme me semble déjà familier. J'ai fouillé la bibliothèque de la maison, mais l'obscurité est trop présente pour lire, à présent. Je me fais couler un bain et me plonge dedans. L'eau est à peine chaude, mais nous sommes en plein été, et c'est loin d'être un soucis. La tête sous l'eau, je repense à ces retrouvailles avec Quentyn. On s'est croisé deux fois, encore, dans cette maison. Il semble beaucoup lire : Il y a des livres partout. J'ai aussi retrouvé des dessins, plus ou moins tiraillés, plus ou moins tristes, plus ou moins dramatiques. J'ai de la peine pour lui. Je ne sais pas depuis combien de temps il est seul, mais je suis à présent certaine qu'il a été très malheureux, qu'il l'est peut être toujours... Cette solitude, est-ce un refuge ou est-ce une prison ? Est-ce que ma présence est bienvenue ou est-elle insoutenable ? Au fond, est-ce qu'il n'est pas volontairement resté là ? Il y a des gangs partout, d'autres habitants... Il y a moi. Mais est-ce qu'il n'est pas mieux seul ici, tout comme moi je suis mieux hors de la Rhéa.

 

Non, je dois arrêter de me torturer. Le seul moyen de le savoir, c'est d'aller le trouver. Je sors de mon bain et attrape une serviette que j'attache autour de moi. Je vais essayer de trouver des vêtements propres, à l'étage. Je monte les escaliers grinçants et pousse la porte d'une chambre : Il n'y a que des vêtements d'enfants. C'était la chambre de la sœur de Quentyn. Je n'arriverais pas à m'habiller ici, et puis l'idée même de le faire me semble très malvenue. La seule autre chambre de l'étage est celle dans laquelle se trouve Quentyn. Je m'en approche et m'arrête derrière la porte. J'entends le bruit du crayon sur le papier : Il dessine. Je pousse doucement la porte et entre légèrement.

 

 

 

-Quentyn...

 

 

 

Il ne répond pas. Il interrompt juste ses mouvements avant de les reprendre, comme pour m'ignorer. Je me mords les lèvres mais continue :

 

 

 

-Est-ce que je peux t'emprunter des vêtements propres ?

 

 

 

Il soupire et m'indique du menton une commode. J'y trouve un t-shirt et jogging : ça ira très bien. Je les enfile dans la pièce puisque Quentyn ne quitte plus son dessin des yeux.

 

 

 

-Si tu veux que je partes, je partirais.

 

 

 

Il s'arrête, pose son crayon, mais ne se tourne pas vers moi. Je fais un pas vers lui.

 

 

 

-Parle moi, s'il te plaît...

 

 

 

Il ne bouge pas, les yeux collés à son dessin. Je regarde par dessus son épaule : tout au crayon est dessiné le torse et le crâne d'un squelette dont les yeux, encore présent dans les orbites avaient d'étranges pupilles : à bien y regarder, il n'y en a pas ! On dirait que ce sont des mains qui tentent de s'accrocher aux parois de l’œil afin de s'en enfuir. Si ce détail ne m'avait pas déjà glacé le sang, c'est le suivant qui le fit : le squelette tenait dans sa main dégoulinante de sang noir un cœur qu'il semblait s'être arraché. Mon regard, hébété, se pose sur Quentyn. Je suis tellement désolée de ce qu'il ressent. Je ne sais pas ce que je dois faire. J'ai juste envie de me tourner, de partir et de lui laisser de l'espace mais je vois bien qu'à l'intérieur, il est perdu. Alors je fais tourner sa chaise vers moi et le force ainsi à me regarder en face. Son regard est fuyant. Je regrette de lui avoir dit que je partirais s'il le souhaitait. Ce serait une grosse erreur. Je le serre contre moi et lui dit, assurée :

 

 

 

-Je reste avec toi, maintenant.

 

 

 

A ma grande surprise, il me rend mon étreinte et sa tête se cache contre moi. Nous restons ainsi de très longue minute, puis il tourne son visage vers moi et m'embrasse, avec passion. C'est un rapprochement assez étrange, mais très bizarrement naturel, comme si une force nous ramenait l'un à l'autre, et à ce moment, nous ne luttons plus contre elle.

 



"the darkness inside you
Can make you feel so small

But I see your true colors
Shining through"

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Commentaires
P
Et oui, Quentyn n'avait pas compris pourquoi elle a toqué à sa porte, est partie, puis revenue.<br /> <br /> Le squelette qui tient son coeur dans sa main, cela doit être lui : il a perdu sa soeur et a cru retrouver celle qu'il a aimé et a recru la perdre....<br /> <br /> C'est bien qu'elle reste ! Le pauvre, se retrouver tout seul comme cela quand sa soeur est morte et a du croire qu'elle était morte aussi.
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E
Ce chapitre me laisse sans voix....
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