Bonus: Ma très chère Milah,
Du bout de mes doigts ridés, je caresse la courbure des lettres inscrites sur le papier. L'écriture d'Emily est si belle, à la fois douce et très claire. Dans cette chambre où j'ai demandé à ce qu'on me laisse seule, j'apprécie ces derniers instants avec ma bien-aimée. Elle croyait à une forme d'après vie. Ce n'était pas mon cas. Mais à ce moment, j'ai envie de croire que je la retrouverais aussitôt que je partirais. Mon cœur semble battre plus vite à cette pensée.
"Emily, mon amour, j'ai fait comme tu m'as dit. J'ai pris soin de notre famille. J'ai dit à Roxanne que tu étais fière. Elle s'est mise à pleurer, dans mes bras, comme quand elle avait un chagrin, enfant. J'ai pris soins de nos petits enfants. Arlène fait de la danse. Elle a grandit, elle te ressemble un peu. Charlotte et Roxanne s’entraînent à nouveau ensemble, avec Arlène, à présent.
Tu avais peur qu'Irene ne trouve pas sa place. Sache seulement qu'elle t'a autant pleurée que le reste de ses cousin-e-s, qu'elle a fait la paix avec sa mère et qu'elle vient à la Rhéa dès qu'elle est en vacances.
Notre famille, unie et forte."
De mes longues et fines mains maladives, je sers la lettre contre mon cœur en fermant les yeux. Si je me concentre assez fort, j'arrive à sentir ton odeur. Tu as assez attendu, Emily. Je le sais, je le sens. Tu seras là quand j'ouvrirais les yeux.
Cette pensée fait battre mon cœur, encore un peu plus fort.
...
Si tu me cherches, je suis dans un coin, en train de pleurer.